Mathias Diatta l’homme aux oiseaux
vendredi 18 mai 2012
Vous le trouverez, un peu timide, dans sa maison de Kahinda, au détour d’une piste à l’ombre des grands arbres. S’il n’est pas là, c’est qu’il est parti dans la forêt à la recherche de sa matière première : du bois tendre de fromager, pour le corps des oiseaux, et du bois d’acacia (halagnindé en diola), plus dur, pour les pattes.
Sa passion lui est venue tout d’un coup, lorsqu’il a quitté l’école en classe de première, en 1994. Destiné à devenir récolteur de vin de palme, comme son père, il observe autour de lui, se procure un livre sur les oiseaux, rassemble ses outils et commence à sculpter. Des martins-pêcheurs, des sternes, des tisserins, des grues couronnées, des coucals, des vanneaux armés, des merles métalliques, des cochevis huppés...
Au fil du temps il se perfectionne. Du bois brut les volumes prennent formes, incertaines d’abord, puis plus précises à l’issue d’un long polissage. La peinture finale donne à l’ensemble des couleurs qui sont plus vraies que nature. Et si vous lui montrez des photos de fauvettes, de linotte, de mésange ou de rossignol, oiseaux qu’il n’a jamais vu voler, il saura les reproduire.
Et la grenouille coasse.
Pour le plaisir, Mathias a mis au point la grenouille qui coasse. Elle tient dans sa bouche un petit bâton patiemment sculpté. Il suffit de le lui ôter et de le frotter sur la crête dont elle est affublée pour se croire au milieu des marais...
Mathias fabrique aussi des grands bonhommes en bois, des louches à vin de palme, des ustensiles de cuisine, des tabourets... Toujours avec le goût du travail bien fait.
David Ly